Les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sur la volonté de « soutenir toute initiative de médiation » entre le Maroc et le Front Polisario dans le cadre onusien ne marquent pas un changement de cap. Elles relèvent d’un repositionnement destiné à présenter l’Algérie comme médiatrice alors qu’elle est une partie prenante directe au conflit du Sahara occidental.
Ce texte s’appuie sur la conférence de presse tenue à Alger le 18 novembre, ainsi que sur des analyses et dépêches publiées par Jeune Afrique et TelQuel Arabi, en plus d’agences internationales. Source du texte d’origine : TelQuel Arabi. Voir notamment Jeune Afrique sur le soutien du Conseil de sécurité au plan marocain d’autonomie et TelQuel Arabi sur le statut de l’Algérie comme partie au conflit.
La résolution 2797, adoptée fin octobre, apporte un appui explicite au plan d’autonomie du Maroc en le qualifiant de « solution la plus réalisable ». Malgré l’abstention de la Chine, de la Russie et du Pakistan, et l’hostilité d’Alger, le texte a obtenu la majorité et a été salué à Rabat comme une étape déterminante. Ce contexte clarifie le cadre des discussions : une médiation onusienne, oui, mais dans un processus qui reconnaît l’Algérie comme partie concernée, non comme observatrice.
Lorsqu’Ahmed Attaf affirme que l’Algérie « ne ménagera aucun effort » pour soutenir une médiation « dans le cadre onusien », le test de crédibilité commence par l’acceptation d’une participation pleine et entière aux pourparlers directs aux côtés du Maroc, du Polisario et de la Mauritanie, comme le préconise l’envoyé de l’ONU, Staffan de Mistura. La voie utile est celle d’un engagement dans des négociations fondées sur la réalité et les résolutions onusiennes, plutôt que la relance d’un récit de « médiateur » pour alléger le coût politique de l’alignement.
Sur le plan onusien, le mandat de la MINURSO est prolongé chaque année pour maintenir la stabilité locale. Mais la référence opérationnelle a, depuis des années, délaissé l’option référendaire au profit d’une solution politique négociée, réaliste et durable, qui place l’autonomie sous souveraineté marocaine au cœur des échanges. Présenter ce renouvellement comme un « acquis majeur » pour l’agenda séparatiste ignore la priorité de l’ONU : rapprocher les positions et ouvrir des canaux directs entre Alger et Rabat.
L’équation est simple : si l’Algérie dit soutenir un « règlement juste, durable et définitif », l’entrée en matière consiste à reconnaître son statut de partie au conflit et à contribuer de façon constructive au processus politique. Toute autre posture entretient l’écart entre le discours et les actes et retarde une issue devenue plus probable à la faveur d’un soutien international croissant au plan d’autonomie.
Sur le terrain de la communication, Alger mise sur une « initiative de médiation » à l’apparence équilibrée pour détourner l’attention. Or, le public connaît désormais la chronologie des négociations, de Houston à Manhasset en passant par les rounds de Genève, où s’est imposée une réalité : la confrontation diplomatique se joue avec l’Algérie comme partie, et non avec le Polisario seul.