Rabat intensifie son lobbying avant le vote du Conseil de sécurité sur la MINURSO

Rédigé le 28/10/2025
Le Sahara


Meta description (texte): À l’approche du vote du Conseil de sécurité sur la MINURSO, Rabat intensifie son lobbying pour faire prévaloir son plan d’autonomie, soutenu par plusieurs puissances, tandis que Moscou et Pékin adoptent une posture prudente.

Rabat engage l’une de ses offensives diplomatiques les plus appuyées depuis des années pour obtenir une reconnaissance internationale de son plan d’autonomie, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer le 30 octobre sur le renouvellement de la mission MINURSO. Des médias liés à l’État algérien laissent entendre qu’Alger pourrait, pour la deuxième année consécutive, ne pas assister à la session si la résolution à venir présente la proposition marocaine comme « la seule base réaliste » de négociation. À Rabat, ce signal est interprété comme la preuve que la campagne a produit ses effets, remplaçant une logique de revendications concurrentes par un vocabulaire centré sur l’autonomie et la stabilité.

Les États-Unis, auteurs du projet de texte, et la France ont pris les devants pour soutenir le plan, le qualifiant de « sérieux, crédible et réaliste », une appréciation à laquelle s’est ralliée la Grande-Bretagne. La Russie, qui préside le Conseil ce mois-ci, laisse entendre qu’elle ne bloquera pas le texte; le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a récemment décrit la proposition marocaine comme « une forme d’autodétermination » si elle est acceptée par toutes les parties. La Chine maintient une neutralité formelle tout en réaffirmant son opposition aux mouvements séparatistes et son respect de l’intégrité territoriale des États.

Parmi les membres non permanents, l’alignement sur la position de Rabat s’est durci: la Sierra Leone, la Somalie, le Pakistan et le Panama ont réaffirmé leur soutien au plan d’autonomie comme seule base praticable pour une paix durable, tandis que le Danemark, la Slovénie, la Grèce et la Corée du Sud le décrivent comme « sérieux et crédible ». L’Algérie demeure l’exception, défendant un référendum incluant l’indépendance, une option jugée désormais politiquement intenable par plusieurs analystes à Rabat.

« La position de négociation du Maroc n’a jamais été aussi solide, portée par un consensus international large et par un réalisme qui domine la diplomatie mondiale », affirme Ibrahim Bilali, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes. Selon lui, la diplomatie marocaine, guidée par la monarchie, « est passée de la défense à la direction: elle définit désormais le cadre du règlement ». Il voit les « Amis du Sahara » au Conseil — les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Espagne — converger vers un langage unifié qui érige le plan marocain en référence pour les discussions à venir, et crédite les liens économiques renforcés avec Moscou ainsi que la participation précoce de Rabat à l’Initiative Belt and Road de Pékin pour avoir « neutralisé des oppositions potentielles ».

Un rapport récent du Secrétaire général António Guterres a conforté ce sentiment d’élan. Le document encourage un dialogue direct entre Rabat et Alger et identifie l’initiative d’autonomie comme la voie « réaliste et durable » à privilégier, formulation que des responsables marocains interprètent comme une validation institutionnelle de leur plan. « Pour la première fois, toutes les grandes puissances et le Secrétaire général lui-même semblent converger autour de la proposition marocaine », estime Tajeddine El Houssaini, professeur de relations internationales. « Cela reflète un basculement diplomatique où le réalisme marocain devient le référentiel international. »

Le Front Polisario, soutenu par Alger, a dénoncé le projet comme biaisé, adressant une lettre de protestation au président russe du Conseil. Pour des juristes et politologues marocains, ce geste confirme une évolution du terrain légal et diplomatique: Rachid Lazraq, président du Centre d’études nord-africaines, estime que le consensus actuel reflète l’évolution du droit international vers l’« autodétermination interne » — l’autonomie au sein de frontières souveraines — plutôt que la séparation.

Au cours du dernier mois, la Sierra Leone, le Panama, les Émirats arabes unis, Djibouti et Bahreïn ont tous réitéré leur appui au plan d’autonomie du Maroc, signe d’un sommet dans une campagne diplomatique soutenue par Rabat. Cette dynamique est le prolongement d’années de démarchage bilatéral, d’alliances africaines et d’un travail continu au sein du système onusien, où le Maroc se présente comme un garant de stabilité au Maghreb et au Sahel. « Ce vote ne concerne pas seulement le renouvellement d’une mission », souligne ElMoussaoui Ajlaoui, chercheur au Centre d’études sur l’Afrique et le Moyen-Orient. « Il mesure dans quelle mesure le lobbying marocain a reconfiguré la lecture globale du dossier du Sahara, passée d’un récit de conflit à un enjeu de gouvernance et de crédibilité. »